12 avril 2021
La réanimation des nouveau-nés
Lorsque la chienne ne veut pas s’occuper des nouveau-nés à leur naissance ou si la mise-bas est difficile, il sera nécessaire de réaliser les premiers gestes permettant aux chiots de respirer correctement.
Lorsque la chienne ne veut pas s’occuper des nouveau-nés à leur naissance ou si la mise-bas est difficile, il sera nécessaire de réaliser les premiers gestes permettant aux chiots de respirer correctement.
Si la mère s’occupe correctement de ses petits, l’intervention ne sera nécessaire qu’une fois le chiot réanimé par la mère (pour la désinfection du cordon, la pesée du chiot et le contrôle de la première tétée). Chez les primipares en particulier, il arrive que le travail ne soit pas une évidence pour la mère, plus particulièrement pour les premiers chiots. Une surveillance permanente de la mise-bas est donc nécessaire.
Avant d’expliquer les différentes étapes de la réanimation néonatale, voici une liste des outils nécessaires dans la trousse de mise-bas-réanimation :
- Des gants
- Des tissus propres (jetables ou lavables)
- Du lubrifiant (vaseline ou autre lubrifiant)
- Un mouche-bébé ou une poire ou des petites seringues
- Du fil pour ligaturer les cordons ombilicaux (pas de fils de couture, trop fin)
- Un clamp (facultatif, utilisé pour arrêter un petit saignement du cordon avant de le ligaturer)
- Une paire de ciseaux propres
- Du désinfectant (Bétadine solution, Chlorhexidine ou Biseptine)
- Une balance de cuisine
- De quoi identifier les petits (fils, collier, scoubidou, etc…)
Voici les différentes étapes de la réanimation néonatale. Durant toute cette procédure il est important de toujours maintenir les petits AU CHAUD.
1. Sortir le chiot de sa poche
Il arrive en effet que le chiot soit expulsé encore recouvert de son enveloppe amniotique. Il faut alors le plus rapidement possible ouvrir la poche et l’en sortir.
2. Dégager les voies respiratoires
Lorsque le chiot né, il est important qu’il prenne sa première respiration. Cependant, ses voies digestives sont remplies de liquide et le risque est une inspiration de ce liquide au premier mouvement inspiratoire. Il est donc primordial de commencer par aspirer le liquide dans la bouche et au niveau des narines. Ceci peut se faire grâce à un mouche-bébé (comme sur la figure 1), une poire ou une seringue.
Au cours des prochaines étapes, le petit va progressivement expectorer. Il faudra donc très régulièrement ré-aspirer.
3. Stimulation de la respiration
Cette étape nécessite d’avoir des tissus propres et secs en grande quantité (ils seront à changer dès qu’ils seront trop mouillés).
Une fois les voies respiratoires dégagées, prendre le petit dans une main en maintenant la tête entre les doigts pour qu’elle ne bouge pas trop, l’orienter tête en bas (pour faciliter l’expectoration) puis le frictionner. Ceci est illustré par la figure 2.
Ré-aspirer dans les voies respiratoires puis frictionner à nouveau. Répéter l’opération jusqu’à ce que le petit soit bien rose/rouge au niveau de la truffe et des muqueuses.
Une fois que le petit respire correctement il est important de le sécher.
4. Faire boire le colostrum
Boire le premier lait, appelé colostrum, est essentiel à la santé et à la survie des chiots. C’est, en effet, par ce premier lait qu’ils absorberont les anticorps nécessaires à leur défense avant que leur propre système immunitaire soit capable d’assurer rapidement leur défense.
Les anticorps présents dans le colostrum sont absorbés par passage de la barrière digestive des petits. Cependant, cette barrière n’est perméable que pour une douzaine d’heures. La quantité d’anticorps présents dans le colostrum diminue également rapidement (perte d’environ 60% de la concentration d’IgG entre 4 et 24h post-partum). Ainsi, nous recommandons que les petits aient une première tétée dans les 4 premières heures de vie.
Il n’est pas nécessaire d’attendre la fin de la mise-bas pour mettre les premiers chiots à la tétée en particulier si la portée est de taille importante. C’est d’autant plus intéressant que la tétée des chiots permet la production d’ocytocine endogène par la mère, hormone qui favorise les contractions utérines. Mettre les chiots à la tétée pendant la mise-bas favoriserait donc le bon déroulement de celle-ci.
5. S’occuper du cordon ombilical
Cette étape est à réaliser avant l’étape 4 uniquement si le cordon saigne, sinon la priorité sera de faire boire le colostrum.
Lorsque la mère décroche le placenta, il arrive que le cordon ombilical continue de saigner. Lorsque le petit sort dans sa poche et que l’éleveur le libère, le placenta est toujours accroché au cordon ombilical. Il faut alors le couper en laissant plusieurs centimètres de cordon côté chiot (pour se laisser une sécurité, le cordon sera raccourci par la suite) et en mettant un clamp au bout du cordon. Il est alors important de ligaturer ce cordon avec du fil de cuisine par exemple (ce n’est pas stérile). Il est important de laisser, si possible, au moins 1 cm de cordon côté chiot puis faire de multiples nœuds très serrés comme l’indique la figure 3. Si un clamp a pu être posé, la priorité est évidemment de réanimer le chiot. La ligature sera à réaliser une fois le chiot réanimé.
Une fois la mise-bas terminée et que tous les petits ont pris le premier lait, il sera important de veiller à l’hygiène du cordon et ce, jusqu’à ce qu’il sèche. Pour cela il suffit, matin et soir, de le désinfecter en le tapotant avec une compresse imbibée de désinfectant.
6. Identifier, examiner et faire la première pesée
Une fois les petits réanimés, séchés, nourris et les cordons nettoyés, il est maintenant temps de les identifier et de les examiner de façon plus précise.
Pour les identifier, plusieurs techniques sont possibles : repérer les marques colorées individuelles, mettre des colliers de différentes couleurs, mettre du vernis sur les griffes…
Chaque chiot doit ensuite être pesé. Cette pesée devra être réalisée une fois par jour pendant toute la croissance (au moins les 3 premières semaines puis elles pourront être espacées). La prise de poids du chiot est le meilleur critère de bonne santé du nouveau-né.
Un examen général de chaque chiot doit ensuite être effectué pour détecter d’éventuelles anomalies congénitales. Quelques points essentiels sont à contrôler :
- Examen général : vérifier les pattes, la queue, l’aspect du visage (pour exclure la présence de bec de lièvre)
- Ouvrir la bouche : le palais doit être complet. Vérifier l’absence de fente palatine
- Regarder l’anus : est-il correctement perforé ? Il sera important de vérifier le passage du méconium (premières selles) pour confirmer que l’anus est perméable.
En cas de doute sur la présence d’une anomalie à l’examen, un contrôle chez le vétérinaire traitant sera impératif.
Points clefs
- La mise-bas doit avoir lieu dans un lieu sûr, séparé des autres animaux qui ne doivent pas y avoir accès, facile à nettoyer et dont la température et l’humidité doit pouvoir être contrôlée a minima au niveau des chiots
- La trousse d’outils de réanimation doit être préparée à l’avance et être complète
- La réanimation des chiots doit pouvoir être assistée au besoin