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3 février 2022

La prothèse totale de hanche

L’indication principale de la pose de prothèse totale de hanche (PTH) est la prise en charge d’une hanche dysplasique douloureuse.

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La prothèse totale de hanche (PTH) a été développée pour le traitement des affections irréversibles de la hanche. Elle est réalisée chez l’homme depuis 1962. Chez le Chien, la première PTH date de 1974.

Les premières prothèses étaient cimentées et de conception simple, puis sont apparues les prothèses modulaires de type Biometrix et Porte. L’étape suivante a été le développement des prothèses non cimentées ou biologiques avec des résultats similaires. Il existe également des prothèses à double mobilité destinées à réduire les risques de descellement et de luxation Les prothèses se sont ensuite miniaturisées. La dernière innovation est la technique de « resurfaçage » articulaire encore à l’état expérimental.

Une prothèse est dite cimentée lorsque l’interface entre l’implant et l’os de l’animal est une couche de ciment orthopédique. Une prothèse non cimentée ou biologique est recouverte d’un revêtement particulier permettant une bio-intégration et une croissance osseuse qui assure la tenue dans le temps. Elle est initialement « impactée » dans l’os. Il n’existe pas de supériorité de l’une par rapport à l’autre. Le choix repose sur des critères individuels (âge de l’animal, qualité de ses corticales, anatomie de ses os…) et sur les préférences du chirurgien.

Quelles sont les indications d’une prothèse totale de hanche chez le Chien ?

L’indication principale est la prise en charge d’une hanche dysplasique douloureuse. Le terme de dysplasie peut se traduire par « anormal »: la hanche présente une laxité excessive qui aboutit à une usure, une arthrose, prématurée dans la vie de l’animal. Les autres indications potentielles, plus rares, sont: les fractures non réparables; certaines luxations traumatiques, voir la nécrose aseptique de la tête du fémur (disparition de la structure osseuse suite à une altération vasculaire).

La dysplasie est une affection souvent bilatérale. Néanmoins, dans 80% des cas, une intervention unilatérale permet de soulager l’animal. C’est le coté le plus clinique, le plus douloureux, qui est traité en priorité. Il n’est néanmoins pas connu l’influence d’une simple implantation sur la durée de vie de la prothèse lors d’affection bilatérale.

Le but est de permettre au chien douloureux chronique, ne répondant pas au traitement médical, de revenir à un niveau d’activité normal. La récupération a lieu en 3 mois. Le chien doit être mature, en bonne condition physique, sans autre affection orthopédique ou neurologique. Elle est contre indiquée lors d’affection systémique.

Quel est le principe de l’intervention ?

La cavité articulaire de la hanche est creusée afin d’y mettre une cupule: sorte de demi-sphère. Une tige fémorale est placée au centre du fémur. Les deux sont liées par une tête fémorale ou bille en métal. La PTH chez le Chien repose sur le même principe que la PTH chez l’Homme.

Extrait de vidéo de pose de PTH Biomedtrix

https://www.youtube.com/watch?v=5sflLLuWSQ0

Comment se déroule la pose d’une prothèse totale de hanche ?

La première étape est celle de la planification. Pendant cette visite, le chirurgien spécialiste s’assure que l’animal ne présente pas d’autres affections telle qu’une otite, un abcès dentaire… qui sont des contre-indications en raison du risque infectieux majoré. Il recueille également toutes les informations qui lui permettent de déterminer si la PTH est le traitement adapté au cas de l’animal. Près de 80% des chiens référés pour une prothèse ne sont pas implantés car il existe une autre affection (par exemple une rupture du ligament croisé), une contre-indication (une maladie systémique). Le chirurgien peut alors décider d’examens complémentaires (par exemple un scanner s’il suspecte une hernie discale chronique sur un chien âgé, une analyse d’urine avec examen cyto-bactériologique) et va réaliser plusieurs clichés radiographiques sous anesthésie. Le but est de déterminer précisément les particularités anatomiques de l’animal tant au niveau de son fémur, que de son bassin, le degré d’arthrose et de modifications osseuses associées. Il va ainsi pouvoir planifier sa chirurgie en décidant quel implant sera utilisé, quelle taille…et quelle difficulté potentielle il peut être amené à rencontrer. Même si le plan prévu est adaptable rendu au bloc opératoire, il est préférable d’anticiper. Un peu comme une randonnée en montagne…il est préférable de connaitre le profil de la ballade avant de partir pour mieux se préparer.

La seconde étape est celle de la chirurgie. La pose d’une prothèse totale de hanche est une intervention très codifiée. C’est toujours la même équipe, la même procédure. C’est, sauf de très rares exceptions, la première intervention de la journée. N’hésitez pas à visionner cette courte vidéo qui explique la pose d’une prothèse Biomedtrix, un des types de prothèse posés au CHVA (https://www.youtube.com/watch?v=5sflLLuWSQ0). L’animal reste hospitalisé pendant 48-72h, temps nécessaire pour prendre en charge de manière optimale sa douleur, s’assurer de la qualité de son appui. La plupart des chiens appuient dès le lendemain de la chirurgie.

Commence alors la phase de la convalescence pendant laquelle le propriétaire joue un rôle déterminant. Il faut pendant les 15 premiers jours maintenir une collerette pour éviter le léchage de la plaie opératoire. La recommandation principale est un repos strict pendant 3 mois: pas de course, pas de saut, sorties exclusivement en laisse. Lors des sorties, il faut être vigilant qu’il ne glisse pas. Cela demande à chaque membre de la famille de faire attention mais c’est un point essentiel dans la réussite de l’intervention. Des clichés radiographiques sont réalisés à 4-6 semaines et 8-10 semaines pour confirmer la bonne intégration et stabilité de la prothèse.

Quel pronostic espéré ?

La pose d’une PTH permet la récupération d’une fonction normale dans la grande majorité des cas.  Le taux de satisfaction des propriétaires est de 94% dans une étude multicentrique sur 170 cas. Dans une autre étude publiée en 2003, les résultats sont bons à excellents dans 83% des cas sur des chiens de poids moyen 19kg.

Il existe néanmoins un risque de complications potentiel dans 9 à 22% des cas selon les études publiées. Le poids élevé et une intervention préalable sur la hanche sont des facteurs de risque. Les complications les plus fréquentes sont l’infection, la luxation de la prothèse, la fracture fémorale, la migration d’un implant, une neurapraxie sciatique (atteinte du fonctionnement du nerf sciatique).