Dentisterie StomatologieInfos santéChat

16 mars 2021

La gingivo-stomatite chronique féline (GSCF)

Chez le chat il n’est pas rare d’observer des phénomènes inflammatoires de la muqueuse buccale qui se développent, évoluent vers la chronicité et sont rebelles aux traitements. Par Florian BOUTOILLE (Dipl. EVDC)

Partagez l'article sur

Définition de la gingivo-stomatite chronique féline (GSCF)

Chez le chat il n’est pas rare d’observer des phénomènes inflammatoires de la muqueuse buccale qui se développent, évoluent vers la chronicité et sont rebelles aux traitements. On parle de gingivo-stomatite chronique féline (GSCF), aussi appelée stomatite lympho-plasmocytaire, stomatite chronique, stomatite granulomateuse. Il s’agit plus d’un mode de réaction de la cavité buccale plus que d’une maladie spécifique. Le calicivirus a été reconnu comme jouant un rôle majeur dans le développement de la GSCF, même si de nombreux chats sont porteurs sains de ce virus. La GSCF est un complexe pour lequel on observe une réponse immunitaire inadaptée de la cavité buccale du chat face aux différentes agressions que constituent l’infection par le calicivirus et les infections d’origines dentaires.

Symptômes

Les symptômes généraux observés sont : douleur, dysorexie voire anorexie, amaigrissement, pelage sale (le chat ne se toilette plus), ptyalisme, halitose et hypertrophie des nœuds lymphatiques mandibulaires.

L’examen de la cavité buccale révèle : une gingivite (gencives rouges et ulcéreuses), une buccostomatite (inflammation et lésions ulcéroprolifératives sur les muqueuses jugales) et une stomatite caudale (inflammation et lésions ulcéroprolifératives sur les muqueuses caudales situées latéralement aux plis palatoglosses). Une parodontite (destruction des structures de soutien des dents) plus ou moins importante peut être associée ainsi que des lésions de résorption dentaire.

Examens complémentaires

Une biochimie sanguine est généralement nécessaire (l’animal est dénutri et sa fonction rénale peut être altérée, de plus ces chats ont souvent reçu des corticoïdes pendant de longues périodes). Pour les animaux les plus sévèrement atteints un bilan hématologique peut être indiqué.

Il n’y a pas de corrélation entre la GSCF et une infection par le FIV et le FelV, cependant il convient de s’assurer que la stomatite n’est pas une infection opportuniste secondaire à l’immunodépression provoquée par un rétrovirus. Un test FIV/FelV doit donc être réalisé.

Un prélèvement cytobrosse sur les lésions ulcéreuses est réalisé afin de rechercher par RT-PCR la présence du calicivirus. Plusieurs études récentes montrent que le calicivirus joue un rôle central chez les chats présentant une stomatite caudale.

Traitement

La mise en place d’un traitement médical à base d’anti-inflammatoires et d’antibiotiques n’entraîne qu’une amélioration transitoire. La stratégie thérapeutique consiste à éliminer toute stimulation antigénique d’origine dentaire (bactérienne) afin de diminuer la réaction inflammatoire et soulager le système immunitaire pour ne lui laisser que la gestion de l’infection calicivirale. Tous les foyers dentaires pouvant se comporter comme des sites infectieux responsables de stimulation antigénique chronique doivent être éliminés. Des extractions multiples sont effectuées, les fragments radiculaires enfouis sont extraits et une ostéoplastie alvéolaire est réalisée. Les dents extraites sont celles présentant une parodontite modérée à grave, celles situées en regard des lésions muqueuses et celles présentant des lésions de résorption. Les dents conservées reçoivent un traitement parodontal. Une antibiothérapie est initiée (clindamycine ou métronidazole).

La douleur per-opératoire et post-opératoire est prise en charge par l’administration de morphiniques puis gérée par l’administration d’AINS pendant plusieurs jours. Si possible une hygiène locale est mise en place par application d’un gel à la chlorhexidine.

Plusieurs études ont montré l’efficacité  de cette stratégie thérapeutique, les résultats obtenus sont les suivants : 80% des chats sont significativement améliorés (diminution de l’intensité des lésions et nécessité de moins de médicaments) et 60% des chats sont guéris (disparition des lésions et arrêt de tout traitement). Cependant 20% des chats restent autant affectés qu’avant le traitement. Pour ces derniers, un traitement à base d’interféron oméga félin peut être mis en place. Le protocole utilisé est le suivant : administration quotidienne intra-orale de 100000 UI d’interféron oméga pendant un à trois mois. Ce mode d’administration vise à obtenir un passage transmuqueux de l’interféron et ainsi stimuler localement le système immunitaire du chat afin de mieux lutter contre le calicivirus. Une étude récente montre que ce traitement interféron par voie transmuqueuse permet d’obtenir une efficacité clinique aussi bonne qu’un traitement corticoïde. Ce traitement interféron n’a un intérêt que lorsque les extractions et les soins dentaires ont été correctement réalisés.

Bibliographie

  • Boutoille F. et al. Traitements adjuvants aux soins dentaires lors de gingivo-stomatite féline. Le Point Vétérinaire. 2009. 40(301): 74.
  • Dowers K. et al. Association of Bartonella species, feline calicivirus, and feline herpesvirus 1 infection with gingivostomatitis in cats. J Feline Med Surg. 2010. 12(4): 314-21.
  • Girard N. et al. Retrospective study of dental extraction for treatment of chronic caudal stomatitis in 60 calicivirus-positive cats. Vet Dental Forum Congress 2005.
  • Harley R. et al. Immunohistochemical characterization of oral mucosal lesions in cats with chronic gingivostomatitis. J. Comp. Path. 2011. 144(4): 239-50.
  • Hennet P. Chronic gingivo-stomatitis in cats: long term follow-up of 30 cases treated by dental extractions. J Vet Dent. 2005. 14(1): 15-21.
  • Hennet P. Dentisterie et chirurgie maxillo-faciale canine et Feline. Abrégé Masson –PMCAC, 2006.
  • Hennet P. et al. Comparative efficacy of a recombinant feline interferon omega in refractory cases of calicivirus-positive cats with caudal stomatitis: a randomised, multi-centre, controlled, double-blind study in 39 cats. J Feline Med Surg. 2011. 13(8): 577-87.