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Par le groupe Anirepro

Quelques rappels sur la mise bas

Durée moyenne de la gestation chez la chienne : 57-72j post-saillie

  • 65j post-pic de LH
  • 63j post-ovulation

La durée de la gestation chez la chienne est variable selon que l’on considère la date d’ovulation ou la date de saillie (qui donne une durée apparente). Pour connaître une date de mise-bas la plus précise possible, il est impératif de réaliser un suivi de chaleurs. Celui-ci permettra de déterminer une date d’ovulation (et la date de pic de LH également).

Si la date d’ovulation n’est pas connue, il sera possible d’estimer une date de mise-bas grâce aux mesures de foetométrie. Celles-ci sont réalisables par échographie abdominale et seront d’autant plus précises qu’elles sont prises précocement et répétées au cours de la gestation pour affiner le calcul (au moins autour de 25 jours et 40 jours pour estimer le format des vésicules puis des diamètres bipariétaux). Selon les races et la date de gestation, la précision de ces mesures peut cependant être variable.

Les races géantes ont, de plus, tendance à présenter des durées de gestation plus longues. L’influence de la taille de portée est variable selon les études, l’influence de la race semblant plus certaine.

Il est important d’estimer, avec le plus de précision possible, la date de mise-bas pour 2 raisons principales :

  1. Préparer le lieu de la mise-bas et la chienne (passage à la maternité, découverte du lieu dédié pour la mise-bas, nettoyage au besoin),
  2. Pouvoir surveiller la chienne qui ne doit pas être sans surveillance dès les prémices de la mise-bas.

Etre disponible pour assister la chienne pendant sa mise-bas est la clef d’une mise-bas réussie. Cela permet également de réagir le plus rapidement possible en cas de problème. En effet, 25% de la mortalité néonatale est en lien avec une dystocie ou une mise-bas de longue durée (Gill, 2001). Il est donc fondamental de détecter un problème immédiatement pour assurer la survie de la majorité des nouveau-nés.

La préparation à la mise-bas comporte aussi la préparation du lieu dédié à cette mise-bas. La chienne doit pouvoir avoir accès à la zone de maternité une semaine avant la date prévue de mise-bas afin de pouvoir s’habituer au lieu. Pour les chiennes à poils longs il sera intéressant de couper les poils pouvant limiter l’accès aux mamelles si besoin est. La chienne pourra aussi être lavée avec es produits adaptés si cela semble nécessaire. Enfin, une attention toute particulière doit être accordée à l’hygiène bucco-dentaire (bien  que l’hygiène buccal ait due être vérifiée avant la mise à la reproduction notamment en cas de nécessité de détartrage).

1. Les signes avant-coureurs de la mise-bas

Voici les modifications habituellement observées à l’approche de la mise-bas :

SignesDurée avant la mise-bas
LactationA partir de 2 semaines prepartum
Comportement5-7 j prepartum
Chute de températureAbrupt et fugace de 1°C, 12 à 24h prepartum
Chute de la progestérone< 2 ng/mL 12-24h prepartum

Les modifications comportementales et le démarrage de la lactation sont des signes d’une mise-bas proche. Néanmoins, ils peuvent se mettre en place jusqu’à deux semaines avant la mise-bas bien que la lactation soit assez tardive chez les primipares. 

Concernant le comportement, dans les jours précédents la mise-bas, la chienne peut commencer à « préparer le nid » : elle rassemble ses jouets et prend possession d’une zone dédiée. Pendant la première phase de la mise-bas (rapide chez les multipares mais pouvant durer plusieurs heures chez les primipares), la chienne peut paraître inquiète et rechercher le contact ou, à l’inverse, s’éloigner.

Concernant la température rectale, une baisse de la température rectale est observée dans plus de 90 % des cas à condition de prendre la température de la chienne 4 à 5 fois par jour (nuit comprise). Cette baisse est d’environ 1°C par rapport à la moyenne des jours précédents dans les 8 à 24 (maxi 48h) heures avant le début du travail. De plus, elle semble plus marquée chez les petites races. 

Recommandations

  • Prendre la température rectale de la chienne toutes les 5 à 6h en démarrant 4 à 5 jours avant la date présumée de la mise-bas, cela permettra de connaître les variations de la chienne sur la journée.
  • Lorsque la température chute de 1°C, surveiller la chienne en permanence.
  • Si rien ne se passe au bout de 24h (bien que le maximum soit de 48h) nous conseillons de réaliser un contrôle chez le vétérinaire traitant pour exclure une souffrance fœtale.

La chute de température est liée à la chute de progestérone. Cette chute hormonale correspond au déclenchement de la mise-bas. Ainsi, le seul moyen de savoir qu’une chienne est à terme lorsqu’aucune date d’ovulation n’est connu est le dosage de progestérone. En excluant les cas d’insuffisances lutéales (voir la fiche « Les maladies de la gestation ») et de syndrome du chiot unique, doser la progestérone est le seule moyen fiable de répondre à la question : « ma chienne ne présente aucun signe de mise-bas, est-ce normal ? ».

Les données de la littérature indiquent que la mise-bas se produit dans les 24 à 48h lorsque le taux de progestérone est inférieur à 2ng/mL (attention il existe quelques variations en fonction de la machine de dosage utilisée). Ainsi, une chienne (ayant une portée de plusieurs chiots) ayant dépassé le terme estimé doit avoir un dosage de progestérone. Si celui-ci est supérieur à 2ng/mL, il est possible de conclure qu’elle n’est pas à terme. Si le taux est inférieur à 2ng/mL et que les fœtus ne présentent pas de signe de souffrance fœtale il sera impératif de surveiller la chienne en permanence et de contrôler les signes de souffrance fœtale à l’échographie toutes les 12h pour réaliser une césarienne en urgence en cas d’apparition de signes évocateurs.

2. Déroulement de la mise-bas

La mise-bas se compose de 3 étapes :

  1. Première phase : préparation à la mise-bas, la chienne présente des contractions utérines uniquement (non perceptibles à l’œil), elle peut être inquiète et chercher de l’attention ou au contraire s’isoler. Cette phase est rapide chez les multipares mais peut durer plusieurs heures chez les primipare.
  2. Deuxième phase : expulsion des chiots. Cette phase a une durée dépendante du nombre de chiots. Elle dure en général entre 4 et 16 heures.
  3. Troisième phase : expulsion des placentas. Chez la chienne, cette phase est très souvent concomitante à la précédente. Les placentas sont expulsés entre chaque chiot ou dans les minutes qui suivent l’expulsion du dernier chiot. Il est important de compter ces placentas pour mettre en évidence rapidement une rétention de placenta bien que cette condition soit peu fréquente chez la chienne.

Lors de la deuxième phase, les chiots sont expulsés. Chez la chienne, il est important de savoir que le petit peut se présenter aussi bien par les pattes avant (présentation antérieure), ce qui représente 60% des naissances, que par les pattes arrières (présentation postérieure) dans 40% des cas. Le chiot dont avoir les extrémités (les quatre pattes et la tête) allongées et dans l’alignement du corps comme illustré dans la figure 1.

Les présentations normales du chiot

Les présentations normales du chiot.
Figure A : présentation antérieure, Figure B : présentation postérieure.
D’après Johnston et al, 2001.

Pour détecter une anomalie de la mise-bas le plus rapidement possible il est fondamental de connaître quelques repères temporels. Ces données sont définies dans la littérature. Il ne s’agit évidemment que de repères mais il est important de les suivre et, si jamais l’un d’eux n’était pas respecté, de pouvoir faire un contrôle chez le vétérinaire pour s’assurer que la mise-bas se déroule correctement et que tous les chiots vont bien malgré le dépassement des délais prévus. Le tableau 2 présente les repères temporels à connaître.

Les repères temporels de la mise-bas : quand s’inquiéter ?

SignesNe pas s’inquiéterS’inquiéter
Pertes des eaux-1er chiot<30min>1h
Pertes des eaux- chiots suivants<15min>30min
Durée entre 2 chiots30min>2h
Effort expulsifs improductifs15min>30min
Pertes vertesPrésence lors de la sortie d’un chiot>30min avant l’arrivée d’un chiot
Expulsion des placentas<15min entre chaque chiotAbsence d’un ou plusieurs placentas après la mise-bas

Les pertes vertes correspondent à l’utéroverdine. Cette utéroverdine est un signe de décollement placentaire. Ainsi, lorsqu’un chiot est expulsé il est normal qu’il y ait des pertes vertes puisque son placenta s’est décroché. Par contre, si des pertes sont observées sans qu’il n’y ait d’expulsion de chiot, ou a fortiori, sans que la mère ne démarre d’effort expulsif, cela signifie qu’un placenta au moins est décollé et donc qu’un chiot va rapidement être en souffrance s’il n’est pas expulsé. La présence de pertes vertes doit donc systématiquement être associée à un chiot.

En fin de mise-bas, si le nombre de chiots n’était pas connu à l’avance ou si, après la sortie du bon nombre de chiot la chienne semble ne pas avoir terminé son travail, il peut être intéressant de réaliser une radiographie abdominale de contrôle pour s’assurer que la mise-bas est effectivement terminée.

Quelques astuces pour aider la mère entre deux chiots

  • La faire marcher et faire téter les premiers chiots sortis : cela permet la synthèse, par la femelle, d’ocytocine, hormone induisant des contractions utérines et nécessaire au bon déroulement de la mise-bas
  • Laisser la mère se reposer et se balader. Pendant la mise-bas, la chienne a le droit de sortir faire ces besoins. Cependant, ces sorties doivent évidemment être réalisées sous surveillance rapprochée afin que la mise-bas ne se poursuive pas dehors, dans un endroit non contrôlé. Ces sorties permettront à la mère de marcher et favoriseront les contractions utérines
  • Lui proposer à manger et à boire : la mère a le droit de manger pendant la mise-bas. Si un grand nombre de chiots sont attendus ou que des signes de fatigues apparaissent, il est possible de donner un peu d’énergie à la chienne, même si elle ne veut pas manger, en appliquant miel ou confiture sur ses gencives. Il est également acceptable, entre deux chiots de donner du calcium (sous forme d’ampoules ou fromage).

Les dystocies

La dystocie correspond à une mise-bas ne se déroulant pas normalement

Chez la chienne, les taux rapportés de dystocies vont de 5 à 36%. Cependant, ce chiffre peut-être très supérieur chez certaines races (notamment les races brachycéphales où ces valeurs peuvent atteindre 90%).

Les causes de problèmes à la mise-bas peuvent avoir une origine maternelle ou une origine fœtale. Chez la chienne, environ 75% des causes de dystocies sont d’origine maternelles. Elles sont résumées ici :

MaternelleFœtale
Inertie utérineMalprésentation
Races brachycéphalesMalposition
Races miniaturesMalposture
Races géantes
Défaut de conformation du bassin
Age1ere chaleurs, Primipares >6ans
Dystocie obstructive
Disproportion foeto-maternelle

L’inertie utérine

Voici les différentes causes d’inertie utérine :

Primaires : sepsis, mauvais état général, défaut de contractilité utérine, « one puppy syndrome » ou syndrome du chiot unique, trop grande portée (distension utérine), hypocalcémie, obésité

Secondaires : Epuisement de la chienne sur grand portée, dystocie obstructive par :

  • disproportion fœto-maternelle (syndrome du chiot unique des petites races par exemple)
  • Torsion ou rupture utérine
  • Hernie inguinale
  • Anomalie vaginale ou vestibulaire
  • Mauvaise conformation du bassin

L’inertie utérine est souvent diagnostiquée lorsque les repères temporels définis plus haut ne sont pas respectés. Lorsqu’elle est suspectée, il est impératif de consulter votre vétérinaire traitant. Il évaluera l’état de santé des chiots et, en fonction de ses examens cliniques et complémentaires (état général de la chienne, état de vitalité des chiots ainsi que leur nombre et position, et bilan sanguin de la chienne), pourra proposer un traitement médical ou une césarienne d’urgence. 

Les défauts de présentation/position/posture du chiot sont aussi des causes importantes de dystocie. La figure suivante en présente quelques unes :

défaut de présentation et de posture du chiot

Figure : Quelques défaut de présentation et de posture du chiot (d’après Johnston et al, 2001).

Figure C : pattes avant repliées ;

Figure D : pattes arrières repliées ;

Figure E : déviation latérale de la tête ;

Figure F : déviation ventrale de la tête ;

Figure G : Présentation transverse.

Les races miniatures sont prédisposées aux dystocies. Souvent, ces dystocies sont liées à une disproportion foeto-maternelle en particulier sur les petites portées.

Chez les races géantes, le problème peut venir du surnombre de petits. L’utérus, s’il est trop distendu, peut être dans l’incapacité à se contracter, provoquant ainsi une inertie utérine primaire. Des inerties utérines secondaires sont également possible chez les chiennes à grandes portées liées à un épuisement. Souvent, cela se mettra en place après la sortie de plusieurs chiots. La chienne semble alors faire une « pause ». 

  • Comment aider la chienne ?

En cas de doute, il est toujours recommandé de vous référer à votre vétérinaire.

Cependant, en cas de présentation du chiot à la vulve, il est possible de tenter, à la maison, d’aider la chienne. Pour cela il faut avoir à sa disposition :

  • Des gants, il est toujours obligatoire de porter des gants lorsqu’on manipule un chiot dans la filière perlvienne,
  • Du gel lubrifiant (vaseline par exemple ou tout autre lubrifiant)
  • De quoi réanimer les chiots (voir la trousse de réanimation dans la fiche « Préparation de la caisse de mise-bas et réanimation des nouveau-nés »)

Le premier impératif lorsqu’un chiot est coincé, est de lubrifier la filière pelvienne. Pour cela, il suffit d’appliquer de la vaseline, avec un doigt ganté, tout autour du chiot. 

Il faut, dans un second temps, s’assurer que le chiot a une posture normale : que la tête et les deux pattes avant sont allongées en présentation antérieure ou que la queue et les deux pattes arrières sont allongées en présentation postérieure. Si ce n’est pas le cas, il faut rectifier la posture en tentant d’allonger le membre manquant. 

Il ne faut jamais tirer le chiot en agrippant uniquement la queue ou un membre, cela peut casser. Il faut soit tirer délicatement sur la tête en plaçant les doigts en arrière des mandibules, soit tirer délicatement sur les deux pattes arrière comme indiqué sur la figure suivante. La traction doit toujours se faire à l’occasion d’une contraction de la mère. De plus, le chiot doit être tirée en orientant la traction vers les pattes de la mère et surtout pas dans l’axe de sa colonne vertébrale.

Figure : Traction du chiot.

Traction du chiot

Une fois le chiot expulsé, les procédures de réanimation classiques seront à appliquer (voir « Préparation de la caisse de mise-bas et réanimation des nouveau-nés »).

63,8 à 65% des dystocies sont traitées par césarienne.

Il est donc essentiel d’agir rapidement afin que le traitement médical ou la césarienne soit mis en place le plus rapidement possible pour assurer le bon rétablissement de la chienne et la survie de la majorité des chiots.

Une fois le chiot expulsé, les procédures de réanimation classiques seront à appliquer (voir « Préparation de la caisse de mise-bas et réanimation des nouveau-nés »).

63,8 à 65% des dystocies sont traitées par césarienne. Il est donc essentiel d’agir rapidement afin que le traitement médical ou la césarienne soit mis en place le plus rapidement possible pour assurer le bon rétablissement de la chienne et la survie de la majorité des chiots.

  • Cas particulier du syndrome du chiot unique

Chez la chienne, la présence d’un chiot unique n’est jamais souhaitée. En effet, la proportion de dystocie lors de portée unique est élevée. Deux cas de figures se présentent :

  • Chienne de race miniature : la mise-bas se déclenche en général mais il existe un fort risque de disproportion foeto-maternelle,
  • Chienne de grande race : il existe alors un fort risque de défaut de déclenchement de la mise-bas.

Le déclenchement de la mise-bas implique une cascade de réactions hormonales et physiques. Cependant, le point initial est dépendant des fœtus. Pour simplifier et imager le processus, le déclenchement est sous contrôle des fœtus une fois leur maturité atteinte. Ainsi, chez une grande chienne, le signal d’un chiot unique n’est parfois pas détectable par la mère. La mise-bas ne se déclenche pas, la mère ne présente aucun signe avant-coureurs ni de perte des eaux et le chiot fini par décéder dans l’utérus. 

La prise en charge de la gestation avec chiot unique est donc très compliquée. En effet, on pourrait penser que le problème se résout rapidement grâce à une césarienne programmée. Ceci est possible à condition de connaître la date d’ovulation. Connaissant cette date, il est possible de réaliser la césarienne en toute sécurité car le chiot sera à maturité le jour choisi. Si la date d’ovulation n’est pas connue, être certain de la maturité fœtale le jour de la césarienne n’est pas possible. Le facteur de certitude défini en première partie de cette fiche, la chute de progestérone, n’est également pas utilisable dans ce cas particulier. En effet, si la mise-bas ne se déclenche pas seule, c’est justement parce que la progestérone ne chute pas. Ainsi, on ne peut donc pas utiliser ce dosage. Evidemment, lors d’un suivi, le dosage sera tout de même réalisé car si ce syndrome est fréquent, il existe tout de même un certain nombre de chiennes qui chutent en progestérone et mettent-bas naturellement. Il ne faut donc tout de même pas négliger la progestérone.

Lorsque la date d’ovulation n’est pas connue, il faudra donc dater approximativement la mise-bas grâce aux mesures de foetométrie puis réaliser des échographies de contrôle toutes les 12 à 24h. Si le chiot devait présenter des signes de souffrance fœtale, la césarienne serait alors réalisée.

En conclusion, il est essentiel de connaître, avec le plus de précision possible, la date de mise-bas afin d’être présent pour surveiller son déroulement. Pour cela, connaître la date d’ovulation est le meilleur outil.

La réalisation d’un suivi de chaleurs lors de la mise à la reproduction d’une chienne est donc TOUJOURS RECOMMANDEE, quelque soit l’animal, sa race ou ses antécédents. La présence du propriétaire est essentielle. Néanmoins, si tout se passe bien, cette présence ne doit permettre qu’une simple surveillance à distance pour ne perturber la chienne. En cas de doute au cours de la mise-bas, nous recommandons une visite rapide chez le vétérinaire traitant.

Par le groupe Anirepro

Le sujet de la stérilisation chez la chienne, très différent de chez la chatte, est un sujet d’actualité ayant amené à la publication de nombreux articles scientifiques ces dernières années. Il est également difficile à aborder tant il présente d’aspects différents à prendre en compte et tant cette décision peut avoir d’impact sur le reste de la vie de l’animal.

Nous essaierons donc ici d’aborder les différents points à prendre en compte dans la décision de la stérilisation. Néanmoins, il est maintenant acquis que stériliser une chienne est une décision à prendre de façon individuelle, toute chienne étant différente. Une consultation chez le vétérinaire pour évaluer les pours et les contres pour une chienne, en particulier, sera donc toujours nécessaire pour prendre la bonne décision.

Répondons dans un premier temps à la question initiale : dois-je faire stériliser ma chienne ? La réponse, dans la majorité des cas sera : oui. La difficulté de la décision est dans la question suivante : oui, mais quand ?

Notons bien qu’il a été précisé « dans la majorité des cas ». Cela signifie, comme nous allons le détailler, que la stérilisation peut être déconseillée dans certains cas.

Voici les différents critères à prendre en compte que nous détaillerons ensuite :

  • La prévention des maladies de l’appareil génital
  • Stérilisation et longévité
  • L’examen clinique et les examens complémentaires de la consultation de pré-stérilisation
  • Les maladies suspectées comme pouvant avoir une incidence augmentée chez les chiennes stérilisées

1. La prévention des maladies de l’appareil génital

La stérilisation est souvent recommandée pour 2 grandes raisons tout à fait valables :

  • La prévention de la reproduction (ainsi qu’éviter les périodes de chaleurs),
  • La prévention des maladies de l’appareil génital : affections des ovaires, affections de l’utérus et affections des mamelles.

Le retrait des ovaires permet, effectivement et en excluant le syndrome de rémanence ovarienne, de supprimer les troubles ovariens et la grande majorité des problèmes utérins. Attention, nous verrons par la suite que, concernant les affections vaginales, la stérilisation peut avoir l’effet inverse.

Jusqu’à maintenant, la stérilisation était fortement recommandée avant les premières chaleurs dans le but de prévenir le développement de tumeurs mammaires. En effet, les publications mettaient en évidence que la stérilisation permettait de réduire le risque d’apparition de tumeurs mammaires à différents pourcentages en fonction du moment d’intervention chirurgicale comme suit (d’après Schneider et al, 1969):

  • avant les premières chaleurs : réduction d’environ 99,5%, 
  • avant les secondes : réduction d’environ 92%,
  • avant les troisièmes : réduction d’environ 76%,
  • après 2,5 ans : pas de diminution du risque.

Cependant, une étude plus récente ayant analysé les données de ces anciens articles montre que ces résultats ne seraient pas complètement fiables (Beauvais et al, 2012). S’il est indéniable que la stérilisation apporte un facteur protecteur contre les tumeurs mammaires lorsqu’elle est réalisée précocement, de nouvelles études plus rigoureuses sont nécessaires pour affiner les chiffres précédemment évoqués.

Les tumeurs mammaires constituent le deuxième type de tumeur le plus retrouvé chez la chienne. Néanmoins, il est important de noter également que dans cette espèce, environ 40% d’entre elles seront de nature bénigne et environ 60% malignes. L’un des critères de malignité étant la taille (les tumeurs de plus 3cm de diamètre ayant plus de risque d’être malignes), il est important d’intervenir le plus rapidement possible dès qu’une masse est palpable dans le tissu mammaire.

Il est donc impératif d’être attentif à sa chienne et de palper très régulièrement ses mamelles (au moins une fois par mois à l’occasion de périodes de caresse) même chez une chienne stérilisée très jeune. 

2. Stérilisation et longévité

Dans la suite de la fiche, nous verrons que plusieurs points négatifs sont associés à la stérilisation. Néanmoins, il reste essentiel de prendre en compte que la plupart des études menées sur les facteurs ayant un impact sur la longévité des chiennes mettent en évidence que les chiennes stérilisées présentent une durée de vie supérieure aux chiennes entières. Par exemple, dans l’étude de Hoffman et al en 2013, les chiennes stérilisées présentaient une durée moyenne de vie de 9,4 ans contre 7,9 chez les femelles restées entières. Les femelles stérilisées avaient une espérance de vie supérieure de 26%par rapport aux femelles entières. De plus, dans la population de cette étude, la cause majoritaire de décés était le développement de cancers dans le groupe des chiennes stérilisées et, dans le groupe de femelles entières, les maladies dégénératives et vasculaires, les infections ou encore les traumatismes. 

Il est important de prendre en considération que l’âge lors de la stérilisation n’était pas pris dans ces études. Ainsi, il est difficile de savoir si stériliser avant ou après la puberté aurait un impact sur la durée de survie.

Une étude récente sur une population de Rottweiller cherche néanmoins une réponse à cette question. Dans cet échantillon de 242 chiennes, l’analyse de survie a montré que les femelles stérilisées ayant eu une exposition ovarienne minimum de 4,3 ans avant l’intervention chirurgicale avaient une longévité plus importante par rapport aux femelles stérilisées précocement (Waters et al, 2017). 

Ainsi, si la stérilisation reste fortement recommandée, il est important de prendre en compte les différents facteurs qui vont être évoqués par la suite pour choisir le bon moment d’intervention et les bonnes candidates.

3. L’examen clinique et les examens complémentaires de la consultation de pré-stérilisation

L’historique de la chienne et l’examen clinique auront un impact sur la décision de stérilisation. En effet, l’un des motifs de la stérilisation est parfois un trouble du comportement. Il est important de noter que ce motif doit représenter, au contraire, une justification de ne PAS stériliser. En effet, nous savons maintenant qu’une chienne agressive pourra parfois développer une agressivité encore plus importante suite à la stérilisation. Il est donc essentiel, avec d’opérer, de consulter un vétérinaire comportementaliste qui pourra caractériser plus précisément l’agressivité et juger de l’intérêt de la stérilisation au cas par cas.

Un historique de lactation de pseudogestation (ou « grossesse nerveuse ») après chaque chaleur est, à l’inverse, un bon motif pour envisager une stérilisation.

L’examen clinique de la chienne permettra d’évaluer plusieurs critères :

  • les fonctions cardio-vasculaires et respiratoires (en vue d’une anesthésie générale),
  • le développement général de la chienne,
  • son développement génital.

Le développement général est essentiel à prendre en compte. En effet, il est maintenant reconnu qu’une stérilisation précoce chez les chiennes prédisposées au développement de troubles ostéo-articulaires augmente le risque d’apparition de ces affections. Ainsi, le format de l’animal et son niveau de développement au moment de la consultation permettront de décider s’il est judicieux d’attendre la fin de la croissance même si cela sous-entent d’attendre la puberté et donc les premières voir les deuxièmes chaleurs.

L’examen de l’appareil génital externe ainsi que la réalisation d’un frottis vaginal sont également impératifs. 

En effet, bien que les données scientifiques restent peu développées sur ce sujet, il est admis dans la communauté de spécialistes que lors de diagnostic de vaginite de la chienne impubère (grâce au frottis) attendre les premières chaleurs reste le meilleur traitement. De la même façon, toute anomalie de conformation de la vulve (vulve infantile ou encapuchonnée) doit amener à la même décision. En effet, ces anomalies persisteront si la chienne est stérilisée avant le développement génital. Elles favoriseront par la suite l’apparition de vaginites voir de cystites chroniques dont le traitement est très souvent décevant.

Ainsi, l’examen clinique permettra de décider si attendre la puberté est préférable au cas par cas et si l’animal est apte à subir une anesthésie générale.

4. Les maladies suspectées comme pouvant avoir une incidence augmentée chez les chiennes stérilisées

L’obésité

La prise de poids est probablement la conséquence la plus communément admise dans la littérature suite à la stérilisation. Il est suspecté que les hormones sexuelles induiraient une baisse de la prise calorique chez la femelle.

Cette prise de poids est très fréquente quelque soit l’âge à la stérilisation et semble plus importante dans les 2 ans qui suivent l’intervention (Lefebvre et al, 2013).  

La prise de poids n’est cependant pas une fatalité et la gestion de l’alimentation après l’intervention sera essentielle pour la contrôler.

L’incontinence urinaire post-stérilisation

Le développement d’une incontinence urinaire post-stérilisation est une des conséquences possibles de l’intervention. Elle est à connaître et à prendre en compte dans la prise de décision. Cette incontinence, toute race confondue, se développe de 3 à jusqu’à 20% des cas selon les études et peut se mettre en place rapidement après la stérilisation ou jusqu’à 10 ans plus tard. 

Il est important de savoir qu’il existe plusieurs facteurs de risque : le format du chien (les chiennes de plus de 20kg étant plus à risque) et sa race. Ainsi, les races suivantes semblent plus affectées : le Doberman, le Boxer et le Rottweiler par exemple.

Certaines études tendent à montrer qu’une stérilisation pré-pubertaire pourrait présenter plus de risque de développer une incontinence post-stérilisation précocement (Pegram et al, 2019). Néanmoins, les différentes études publiées sont parfois contradictoires et il n’existe pas encore de consensus sur l’impact de l’âge à la stérilisation.

Les troubles du comportement

L’impact de la stérilisation sur le comportement est un sujet très important puisqu’il s’agit d’une des raisons pour laquelle l’intervention est justement parfois souhaitée.

Les études récentes montrent que la stérilisation n’a pas forcément un impact bénéfique sur le comportement. Si elle réduit le comportement sexuel, certaines chiennes présenteront un maintien du marquage urinaire et les chiennes ayant un comportement timide à agressif pourraient développer une anxiété plus importante.

La stérilisation ne peut donc être une solution que pour un certain type de comportements bien spécifiques. Il est donc primordial de consulter un vétérinaire comportementaliste avant de prendre une décision de stérilisation dans les cas où le comportement est le motif envisagé.

Les maladies ostéo-articulaires

Les maladies ostéo-articulaires étudiées dans la littérature sont les suivantes : la rupture du ligament croisé antérieure, les dysplasies de la hanche et du coude et les arthrites au sens large. Il est actuellement admis que la stérilisation représente un facteur de risque de développement de ces pathologies chez les races à risque initial, et d’autant plus concernant la rupture du ligament croisé antérieur. De plus, l’âge à la stérilisation semble aussi avoir un impact. 

Ainsi, pour limiter l’apparition de ces affections, il est important de savoir si la race est à risque et si la confirmation de l’animal au moment de la stérilisation est favorable ou non. 

Les cancers

Les études récentes (rassemblées dans le review de Urfer & Kaeberlein en 2019) évoquent une augmentation de la prévalence de différents types de néoplasies chez les femelles stérilisées. Il est important de bien noter que de nombreuses études paraissent régulièrement et semble indiquer que le risque est variable en fonction des races. Cela implique à nouveau que la stérilisation est une décision à prendre de façon individuelle. 

Les néoplasies évoquées sont : les lymphomes, les ostéosarcomes, les hémangiosarcomes et sarcomes cardiaques, les mastocytomes et les carcinomes vésicaux à cellules transitionnelles.

Ainsi, si le Berger allemand ne semble pas présenter une augmentation du risque d’apparition de cancer avec la stérilisation, chez le Golden retriever au contraire on observe, d’après les études, une augmentation nette des mastocytomes et des lymphosarcomes notamment.

Les maladies auto-immunes

Les données sur les maladies auto-immunes sont controversées et nécessitent de plus amples recherches. Néanmoins, il est important de noter que certaines affections semblent plus fréquentes chez les chiennes stérilisées et inversement pour d’autres (Sundburg et al, 2016).

Enfin, l’impact de la stérilisation sur diverses autres maladies (cardiaques ou neurologiques par exemple) n’a pas encore assez étudiée pour que qu’un effet positif ou négatif n’ait pu être établie jusqu’à maintenant. 

Ainsi, si la communauté scientifique maintient que la stérilisation reste souhaitable chez la chienne, il est maintenant recommandé de prendre la décision chirurgicale AU CAS PAR CAS. Il est nécessaire d’en discuter avec le vétérinaire afin de déterminer si ce qui motive la demande de stérilisation est cohérent avec le résultat attendu et savoir si la chienne est une bonne candidate au moment où elle est présentée en consultation. Enfin, l’examen clinique général et génital est indispensable également pour décider du bon moment de la stérilisation

Points clefs

  • La stérilisation est un sujet d’actualité. De nouvelles recommandations sont maintenant accessibles.
  • La prise de décision doit se faire au cas par cas en fonction de la race, de l’âge, de la conformation, des antécédents et des examens cliniques et génitaux.
  • La prise de décision doit impérativement se faire après discussion avec un vétérinaire.

Par le Dr Zélie Robert-Gautier, intern au CHVAtlantia – promotion 2020-21

Qu’est-ce qu’une gastrite chronique ?

La gastrite chronique est une inflammation chronique de l’estomac. Elle peut être liée à une inflammation entretenue par une réaction à médiation immune. Cette affection est retrouvée aussi bien chez le chat que chez le chien.

Ces réactions inflammatoires chroniques sont souvent d’origine polyfactorielle voire même idiopathique (c’est-à-dire dont l’origine est inconnue).  Parmi les causes, on suspecte une stimulation immunitaire (antigénique) chronique qui peut être associée à des facteurs bactériens, parasitaires, alimentaires ou intrinsèques. Ainsi, selon les cas, l’animal peut soit présenter une réponse immunitaire normale à des agents pathogènes ou des stimulations antigéniques, soit une réponse anormalement exagérée et inappropriée à des constituants normaux et habituellement non stimulants de l’organisme (hypersensibilité…). 

Les symptômes sont le plus souvent digestifs et se manifestent par des vomissements chroniques et des troubles de l’alimentation (dysorexie). Des vomissements hémorragiques (hématémèse) ou des selles noires (méléna) sont parfois observés, témoignant d’un saignement digestif. En cas d’entérite associée, l’animal peut également présenter de la diarrhée et un amaigrissement.

Races prédisposées : lhassa apso, Shih-tzu, caniche nain, berger allemand, basenji, etc.

Comment se fait le diagnostic ? 

Echographie abdominale : Cet examen permet de mettre en évidence des images compatibles avec une possible gastrite chronique : paroi gastrique épaissie, signes d’ulcère, inflammation de la graisse en périphérie de l’estomac, etc … 

Endoscopie digestive haute : C’est l’examen de choix dans le diagnostic des gastrites chroniques. Il permet de confirmer l’inflammation gastrique, caractérisée par une hyperhémie et un œdème de la muqueuse gastrique, parfois un contenu digestif signant un retard à la vidange gastrique, des ulcères gastriques, etc. L’examen permet également la réalisation systématique de biopsies de la muqueuse gastrique : ce sont ces prélèvements qui, une fois analysés histologiquement, conduiront au diagnostic de gastrite chronique et à l’identification de la cause.

Quel est le traitement ? 

Le traitement de la gastrite chronique est multimodal et allie un traitement de fond et un traitement lors de crises. Ce traitement est parfois long. 

Traitements de fond : Tout d’abord, un aliment spécifique (hypoallergénique ou hyperdigestible) est recommandé pour faciliter la digestion. Il sera intégré progressivement par une transition alimentaire afin de ne pas aggraver la situation digestive. Par ailleurs, il convient de maîtriser l’acidité gastrique avec des anti-sécrétoires gastriques (ex : oméprazole).  Des probiotiques sont également recommandés afin de favoriser le bon fonctionnement de la flore digestive. 

En cas de crise : un anti-vomitif (cérénia) associé à un pansement gastrique (phosphaluvet, ulcar…) par voie orale sont recommandés, entre autres traitements. 

Si les symptômes persistent, un traitement immunosuppresseur peut s’avérer nécessaire, avec en premier lieu, une corticothérapie. La dose minimale efficace adaptée à l’animal est alors recherchée. Ceci va permettre de lutter contre la composante immunitaire des gastrites chroniques. 

Si une origine ou un facteur favorisant a été mis en évidence, un traitement étiologique est nécessaire : antibiotiques, antiulcéreux … 

Quel est le pronostic et comment se déroule le suivi ? 

Un contrôle clinique est à réaliser à la maison. En cas de rechute ou de persistance des symptômes, un rendez-vous chez le vétérinaire est conseillé afin de réadapter le traitement.  Parfois, des biopsies de contrôles peuvent être nécessaires. 

Le pronostic et la fréquence des crises aiguës sont variables selon la cause sous-jacente et la réponse au traitement. 

par le Dr Morgane Debuigne

1. Epidémiologie

De nombreux cas de corps étrangers végétaux inhalés sont rapportés dans la littérature chez le chien [1]. Certains corps étrangers restent dans l’arbre respiratoire, tandis que d’autres migrent à travers le parenchyme pulmonaire, causant des consolidations pulmonaires, des pneumothorax ou pyothorax, voire migrent dans l’espace rétro-péritonéal [1, 5, 7]. 

Les signes cliniques associés à cette affection correspondent dans la majorité des cas à une toux d’apparition aigüe suite à une activité en extérieur, productive ou non, associée parfois à des crépitements ou des sifflements respiratoires. Une hyperthermie, un abattement ou une anorexie sont parfois rapportés [5, 7]. Cette affection atteint plus particulièrement les chiens de chasse, avec une majorité de Labradors Retrievers et de Springer Spaniels [3, 4, 5]. Les mâles y sont prédisposés (de même que chez les humains) [1, 3]. 

2. Localisation des corps étrangers bronchiques

La localisation des corps étrangers végétaux inhalés est variable et n’est pas prévisible pour un animal donné. Les études mentionnent une localisation préférentielle dans le poumon droit en raison d’une angulation plus marquée entre la carina et la bronche souche gauche, que celle entre la carina et la bronche souche droite (Figure 8) [1, 3, 6, 7]. Une étude rétrospective mentionne une répartition à 76% dans le poumon droit, à 46% dans une autre étude [1, 3]. Lorsque le corps étranger se situe dans l’hémithorax gauche, il semble plus souvent localisé dans la partie caudale du lobe cranial gauche [1]. 

3. Pertinence et fiabilité des examens complémentaires

–  Analyses sanguines 

Les analyses sanguines révèlent souvent une neutrophilie discrète à modérée, parfois une anémie modérée normocytaire normochrome [1, 7]. La neutropénie observée chez le chien de notre cas n’était toutefois pas surprenante, reflétant une mobilisation des leucocytes sur le site inflammatoire. L’évaluation de la lactatémie avait un intérêt pré-anesthésique (recherche d’une hypoxie tissulaire par hypoventilation), et des gaz du sang artériels auraient également été réalisés si la lactatémie ou la clinique l’indiquaient, afin d’évaluer la ventilation et les échanges pulmonaires (encadré 1).

Les gaz du sang artériels doivent être réalisés en période péri-anesthésique en cas d’éventuelle hypoventilation (complication à rechercher sur un corps étranger bronchique), mais sont coûteux, assez peu accessibles en pratique et nécessitent un prélèvement de sang artériel. La lactatémie en revanche, bien que bien nettement moins spécifique, est un moyen simple et très accessible de mettre en évidence une hypoxie, qui pourrait être secondaire à une hypoventilation sévère.

– Radiographies thoraciques

Les radiographies thoraciques peuvent montrer des opacifications interstitielles à alvéolaires focales, un pneumothorax, un épanchement pleural et/ou un épaississement pleural [3, 4, 5, 7]. Elles permettent rarement d’identifier la présence d’un corps étranger (qui présente souvent une radio-opacité tissulaire), ni sa localisation [4, 5]. Il s’avère qu’un tiers des radiographies évaluées sur des corps étrangers bronchiques sont considérées comme normales ou présentent des infiltrats diffus [3]. Dans 14% des cas où les signes radiographiques sont typiques d’un corps étranger, l’évaluation de sa localisation est incorrecte [3]. C’est l’exploration par bronchoscopie, ou d’autres examens complémentaires tels que le scanner, qui permettent de caractériser l’affection. 

– Scanner thoracique

L’examen tomodensitométrique montre des opacifications interstitielles à alvéolaires, un épaississement pleural, des nœuds lymphatiques thoraciques de taille augmentée, un pneumothorax et/ou un épanchement pleural [7]. Le corps étranger peut être visualisé directement dans environ 20% des cas [5]. Lorsqu’il ne l’est pas, des lésions secondaires qui permettent de le localiser sont notées dans 96% des cas [5, 7].

Le scanner présente donc un intérêt certain, puisqu’il permet de localiser plus précisément le corps étranger, de manière directe, ou indirecte en repérant les lésions associées dans une très grande majorité des cas [7]. Cet examen est également intéressant car plusieurs corps étrangers peuvent être présents au sein du parenchyme pulmonaire.

opacité alvéolaire
opacité alvéolaire bronche ventrale

– Lavage broncho-alvéolaire

Les résultats des lavages broncho-alvéolaires sont variés et dépendent du site de lavage [3]. Il est donc primordial que les analyses cyto-bactériologiques soient fibro-guidées et réalisées au moment du rinçage par bronchoscopie de la bronche dans laquelle se trouve le corps étranger.

D’après la littérature, de nombreuses espèces bactériennes peuvent être en cause : des aérobies dans 72% des cas, des anaérobies dans 48% et des mycoplasmes dans 13%. Plusieurs espèces bactériennes ont pu être isolées malgré une antibiothérapie déjà en cours [3]. Il convient donc de demander systématiquement un examen bactériologique aérobie, anaérobie et une recherche de mycoplasmes, même si l’animal reçoit déjà un traitement antibiotique, comme réalisé ici.

De même, la cytologie doit être systématiquement réalisée, puisque des cultures positives sont parfois issues de lavages broncho-alvéolaires d’animaux sains. Une cytologie permet de confirmer l’inflammation et la présence de bactéries intracellulaires [6]. Un examen bactériologique positif doit toujours être interprétée à la lumière de la clinique, des lésions et des résultats cytologiques.

– Intérêt de la fibroscopie

Selon la localisation du corps étranger, le retrait par bronchoscopie associé à une antibiothérapie, peuvent représenter une méthode thérapeutique non-invasive. En cas d’échec de cette procédure, ou lors de pneumothorax ou pyothorax, une intervention chirurgicale est souvent nécessaire [3]. Chez le chien, la bronchoscopie est la plupart du temps fructueuse avec un taux de réussite de 86% [3]. Les échecs résultent souvent d’une trop grande quantité de sang ou de mucus cachant le corps étranger et/ou (dans de rares cas) d’une localisation trop distale [3]. Il semble de plus que le poids et la taille du chien n’aient pas d’influence sur l’issue de la procédure, les chiens de petite taille n’étant pas pénalisés [3]. L’aspect de la muqueuse bronchique dépend de la durée d’évolution de l’affection. Lorsque le corps étranger est retiré rapidement après inhalation, la muqueuse peut être érythémateuse mais du mucus est rarement présent. Lorsque la toux évolue depuis un certain temps, la muqueuse peut apparaître très modifiée et du mucus (voire du pus) cache souvent partiellement ou totalement le corps étranger [1]. Toutefois, la durée d’évolution des signes cliniques n’influence pas le succès de la bronchoscopie d’après la littérature [3]. La bronchoscopie vient compléter le diagnostic tomodensitométrique, et c’est pourquoi elle doit toujours être réalisée dans l’ensemble de l’arbre respiratoire afin de s’assurer de l’absence d’autres anomalies. Elle peut ainsi permettre de déceler un second corps étranger qui serait passé inaperçu aux radiographies ou au scanner [5, 7].

Les chats peuvent aussi être atteints de corps étrangers bronchiques qui nécessitent une prise en charge adaptée (encadré 2).

Focus sur les Corps étrangers bronchiques chez le chat

La bronchoscopie présente un taux de succès moindre chez le chat (40%). Les corps étrangers sont souvent localisés dans la trachée ou la carina et sont alors accessibles avec un bronchoscope [6]. Cette localisation est expliquée par une étroitesse plus marquée du diamètre des bronches, même en comparaison avec un chien de la même taille. Les cas chirurgicaux concernent les corps étrangers logés dans les bronches inaccessibles avec des instruments de bronchoscopie [3].

Conclusion

Les corps étrangers bronchiques sont fréquents chez le chien. Cette affection doit être suspectée chez un chien de chasse présentant une toux forte et émétisante d’apparition aiguë. La réalisation de radiographies thoraciques est indispensable mais leur interprétation reste délicate. Un scanner est l’examen de choix pour visualiser directement ou indirectement le(s) corps étranger(s). Une bronchoscopie est ensuite indiquée pour explorer l’ensemble de l’arbre respiratoire et retirer le corps étranger. Cette technique est peu invasive et présente les meilleurs résultats à long terme. La nécessité de réintervenir après retrait du(es) corps étranger(s) (lobectomie sur granulome ou consolidation lobaire par exemple), n’est pas décrite dans la littérature. Il convient toutefois de suivre l’animal de façon étroite après retrait par bronchoscopie afin de s’assurer de l’amélioration clinique et radiographique.

Causes de toux d‘origine bronchique. D’après [2].  

EtiologieAffection profonde
InflammatoireBronchite Bronchopneumonie
AllergiqueAsthme avec bronchospasme (chat)Bronchopneumopathie éosinophilique
DégénérativeBronchomalacieBronchiectasie
TraumatiqueNoyade Corps étranger inhalé
Cardio-vasculaireCardiomégalie avec compression d’une bronche soucheEmbolie pulmonaire
NéoplasiqueTumeur pulmonaire ou médiastinale
Infection parasitaireMigration de nématodes intestinauxDirofilaria immitisAngiostrongylus vasorum (chien)Aelurostrongylus abstrusus (chat)Autres nématodes pulmonairesInfections fongiques

Références 

  1. Cerquetella M, Laus F, Paggi E et coll. Bronchial Vegetal Foreign Bodies in the Dog – Localization in 47 Cases.  J. Vet. Med. Sci. 2013;75(7):959–962 c
  2. Ferasin L. Coughing In : Côté E, Ettinger SJ, Feldman EC, éditeurs. Textbook of veterinary internal medicine : diseases of dog and cat. 8th ed. Elsevier, St Louis, Missouri. 2017:503-509
  3. Hunt GB, Johnson LR, Tenwolde AC et coll. The Role of Bronchoscopy in Foreign Body Removal in Dogs and Cats: 37 Cases (2000 –2008). J Vet Intern Med. 2010;24:1063–1068
  4. Johnson V, Mantis P, Morandi F. The bronchial tree. In : Johnson V, Schwarz T, éditeurs. BSAVA Manual of Canine and feline Thoracic Imaging. BSAVA. 2008:228-241
  5. Lamb CR, Lee KCL, Vansteenkistee DP. Computed tomographic findings in 44 dogs and 10 cats with grass seed foreign bodies. J Small Anim Pract. 2014;55:579–584
  6. Mahonyy O, Yeun Rha J. Bronchoscopy in Small Animal Medicine: Indications, Instrumentation, and Techniques. Clin Tech Small Anim Pract. 1999;14(4):207-212
  7. Schultz RM, Zwingenberger A. Radiographic, Computed Tomographic, and Ultrasonographic Findings with Migrating Intrathoracic Grass Awns in Dogs and Cats, Vet Radiol Ultrasound. 2008;49(3):249–255